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L’optimisme était de mise à Istanbul (2)

AKM - La 10ème Biennale internationale d’Istanbul

AKM Centre Culturel Ataturk Serkan Taycan

Le Centre Culturel Atatürk, l’AKM (Atatürk Kültür Merkezi) trône sur la place Taksim au bout de - la plus grande artère dans les hauteurs d’Istanbul - Istiklal Caddesi. Il est le témoin du modèle idéologique de la modernisation turque. Il est pour la même raison très difficile à investir. L’intérieur du bâtiment est chargé d’un décor qu’il s’avère illusoire d’effacer. Le dialogue entre l’architecture et les œuvres présentées est difficile mais l’impasse n’est pas faite sur les relations qu’elles peuvent entretenir, en particulier avec les propositions de Nina Fisher et Maroan El Sani. Les deux artistes investissent les paliers des escaliers donnant accès aux étages. L’architecture sert le dispositif, l’escalier lieu de passage, de transition d’un espace à un autre, s’improvise lieu de projection. En effet avec la vidéo Toute la mémoire du monde présentée par les deux artistes, l’AKM se charge d’un climat emprunt de nostalgie similaire à l’architecture des grands espaces de l’ancienne bibliothèque nationale de France du site Richelieu étrangement dépourvue d’ouvrages. A la question que pose Hou Hanru faut-il bruler ou non ce bâtiment, on est avec la sélection d’œuvres qui s’y trouve moins devant une réponse à la question que devant une pluralité de choix nécessairement référencés par l’histoire du lieux. Erdem Helvacioglu offre une lecture historique et sonore des espaces. Sa pièce spécialement produite pour l’occasion est composée à partir de prélèvements sonores effectués à divers occasions dans le bâtiment. En effet, ce bâtiment construit dans les années trente est au préalable dévolue à l’opéra. Plus tard, il est transformé par l’architecte Hayayti Tabanlioglu pour sa réouverture en 1969. Or le 27 novembre 1970, le bâtiment brûle dans un incendie et ne réouvre qu’en 1978. Depuis lors, il devient le Centre Culturel Atatürk, lieu des plus culturels qui accueille représentations théâtrales, ballets, concerts et expositions. Absent des guides touristiques, l’AKM modèle de l’utopie social ne correspond plus à l’idée que souhaite mettre en avant le gouvernement turque actuel. Malgré son histoire singulière, il risque d’être remplacé par un espace plus en adéquation avec la tendance mondial imposé par le modèle capitaliste. Si ce n’est le château de Disney comme l’écrit ironiquement Hou Hanru*3, l’arrivée d’un espace similaire aux grands centres commerciaux n’est pas impossible. Au rez de chaussée du bâtiment, l’architecture sculpturale d’un Lee Bul se lit nécessairement comme incomplète, subjective, utopique mais dépossédée de son innocence. Lui même écrit qu’une telle vision n’est possible qu’en jetant un regard froid sur les ruines du passé.

*3 “They are all going to be replaced by ‘classical’ styles : the former will hark back to its original castle-like state, and a Disneyland-like commercial centre will substitute the later.” extrait du catalogue de la biennale Not Only Possible But Also Necessary Optimism In The Age Of Global War, 10th International Istanbul Biennal, Hou Hanru, Istanbul, Atatürk Cultural Centre, Istanbul Textil Traders’ Market, Antrepo n°3, 25 spots across the city, Santralistanbul, 8 septembre – 4 novembre 2007, Istanbul, Istanbul Foundation for culture and arts, 2007, p. 35.

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